LE ROMAN DE RENART
Mise en contexte et réflexions
Le genre
Ce n’est pas un roman, mais un assemblage de récits en vers octosyllabiques (= pas en prose) et en langue romane (= en ancien français, et non en latin, qui s’adresse donc à toutes les classes sociales).
Il se compose de 26 parties (ou branches) de plus d’une vingtaine d’auteurs différents écrites entre la fin du XIIe siècle et la moitié du XIIIe siècle.
Nous suivons ainsi les aventures du goupil Renart, attentif à ses fils et à son épouse (Hermeline), mais dangereux pour ses amis et cruel pour ses ennemis. Renart ne manque pas une occasion de se moquer des autres personnages.
Origines
• Vers 1150, un moine flamand, Nivart, écrit une longue histoire en latin (donc destinée à un public cultivé) qui met en scène les disputes continuelles d'un loup, Ysengrim/nus, et d'un goupil (renard), Reinardus. Il intitule son œuvre Ysengrim/nus.
Ce texte (qui forme un tout à lui seul) inspirera sans aucun doute les nombreux auteurs du Roman de Renart.
• Mais les textes du Roman de Renart ont probablement d’autres racines populaires beaucoup plus anciennes :
- Les intellectuels du Moyen Âge, imprégnés de culture antique, connaissent les fables d’Ésope : des histoires comme Le Corbeau et le Renard sont déjà des classiques, tout comme celle du Renard et du bouc qui évoque « Ysengrin dans le puits ».
- Il ne faut pas non plus négliger les contes slaves qui mettent en scène une renarde : on y trouve d’ailleurs des épisodes presque identiques à ceux du Roman de Renart, comme celui de « La pêche à la queue » (mais le loup y meurt), celui de l’ours coincé dans l’arbre pour y manger du miel, la renarde et le coq (cf épisode avec Chanteclerc)…
Comique et satire
• Les mauvais tours de Renart mettent souvent en lumière les défauts humains ou sociaux de son temps, mais aussi ceux du nôtre.
• Sous l'apparence plaisante du « conte à rire », le Roman de Renart esquisse en fait une satire de toutes les couches sociales du monde féodal, parodiant du même coup les chansons de geste : on y dénonce la faim des petits, on s'y moque de la religion, on critique ce système où tout n'est que jeux d'alliances...
N.b. Les branches écrites à partir de 1180 (Renart change de classe sociale), sont bien plus satiriques.
Réflexions
1. Que peut-on dire sur les personnages de ces histoires (leurs origines, leurs rôles...) ?
2. Dressez la liste des noms des personnages et tentez d’en faire deux catégories (voyez notamment les noms du roi, de la reine, du lapin, du coq… par opposition aux autres noms). En quoi certains noms sont-ils significatifs ?
3. À quelle catégorie appartiennent ces contes ? Justifiez votre réponse.
4. En quoi ces récits reflètent-ils la société de l’époque (coutumes, valeurs, pratiques…) ? Donnez des exemples tirés de chaque récit.
5. Quelle est la situation de départ de la plupart des récits ?
6. Établissez une comparaison entre le récit Renart et le Corbeau Tiécelin, la fable d'Ésope Le Corbeau et le Renard et celle de La Fontaine (XVIIe siècle) du même titre, Le Corbeau et le Renard
7. Établissez une comparaison entre le récit Renart et Ysengrin dans le puits, la fable d'Ésope Le Renard et le Bouc et la fable de La Fontaine Le Loup et le Renard.
8. Les épisodes du Roman de Renart ne comportent pas de morale : tentez d'en présenter une pour les récits de la branche III (épisodes avec Chanteclerc, Tiécelin, Tibert ...).
9. Le Roman de Renart, un texte pour les tout-jeunes ?
Liens utiles
SEVESTRE-LOQUET, Catherine : « Arthur, Lancelot, Renart et les autres : Regards sur la littérature médiévale » (2004)
La vie d'Ésope : texte rare (1812)
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