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Jacques Roubaud « J R »

1932 –  

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    Le poète résume sa biographie ainsi : « Né à Caluire-et-Cuire dans le Rhône le 5 décembre 1932. Mathématicien ».

  •      Né près de Lyon et élevé à Paris, Jacques Roubaud commence à écrire très tôt, en 1944 (12ans !) et ses premiers poèmes sont publiés sous le titre de Poésies Juvéniles. Après avoir écrit sous l'influence du Surréalisme et de la poésie de la Résistance (son modèle étant Aragon), dès 1961 il rejette tout ce qu'il a écrit jusqu'alors et choisit définitivement de faire des études de mathématiques. Il entre à l'OULIPO en 1966, sur proposition de Raymond Queneau. De ce double choix naît l'ouvrage intitulé E (appartenance mathématique à un ensemble) qui obtient un certain succès. Le critique Claude Roy écrit dans Le Monde : « POÉSIE PAS MORTE. STOP. JACQUES ROUBAUD EST NÉ. »

    Jacques Roubaud a été professeur de mathématiques dans une université parisienne jusqu'à sa retraite. Il se définit depuis les années 1980 comme un « compositeur de mathématiques et de poésie ».

Ouvrages

Contraintes

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Merci à Héloïse !

 

Ouvrages (sélection)

Il a composé un grand nombre de recueils de poèmes, notamment :

  • E, 1966 : le recueil le plus connu et le plus étudié de Roubaud. Celui-ci utilise le sonnet comme contrainte, le rendant parfois méconnaissable.
  • Mono no Aware, 1970, à partir de la poésie impériale japonaise, une de ses inspirations majeures
  • Trente et un au cube, 1973 : ce recueil se compose de 31 poèmes comportant chacun 31 lignes dont chacune est faite de 31 syllabes.
  • Quelquechose noir, 1986
  • La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains, 1999
  • Kyrielle, 2003, semble être le dernier recueil paru.
 

Depuis 1985 il écrit également de la prosee(romans et volumes autobiographiques). Il a aussi fait beaucoup de traductions, notamment de poètes américains, et a écrit quelques livres pour enfants. Il n'est pas extrêmement connu du grand public mais il constitue un pilier de l'OULIPO et y a créé beaucoup de contraintes. Il a reçu le Prix France-Culture et a été cité pami les « vingt humanistes du siècle dernier » par Le Monde littéraire. On le voit de temps à autre dans les émissions de télévision culturelles.

 

Les contraintes de Roubaud

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  • Quelques contraintes créées spécifiquement par Roubaud :
    • Alexandrin greffé : prendre deux poèmes ou pièces en vers très connus et coller le début des vers du premier poème à la fin des vers de l'autre (mélanger deux hémistiches différents). Cela permet de créer des « alexandrins parfaitement originaux et parfaitement classiques ».

Rimbaud «  Le dormeur du val » + tirade du Cid (Corneille)

C’est un trou de verdure et le premier en France

Accrochant follement des feuilles et des branches

D’argent ; où le soleil étrange et pénétrant

Luit ; c’est un petit val que la blancheur défend.

Un soldat jeune, bouche au sourire si doux

Et la nuque baignant du sommeil de la terre

Dort ; il est étendu sous l’écorce des pierres

Pâle dans son lit vert qui ne bat que pour vous.

Les pieds dans les glaïeuls, comme un vol de gerfauts,

Sourirait un enfant sur des pensers nouveaux.

Nature, berce-le, cet âge est sans pitié.

Les parfums ne font pas cette obscure clarté.

Il dort dans le soleil, ô rage, ô désespoir

Tranquille. Il a deux trous qui reviennent le soir.

    • Emir : Un mot B est un émir direct d’un mot A si les p dernières lettres de B sont le palindrome des p dernières lettres de A. B est un émir (au sens large) de A s’il existe une suite finie X(i) de mots (0 inférieur ou égal à i et i inférieur ou égal à n) tels que X(0)=A, X(n)=B et, pour tout i, X(i+1) est un émir direct de X(i). Une suite ayant la propriété précédente s’appelle un émirat.

    C’était un grand as du vélo

    Il ne faisait jamais d’épate

    Mais il remportait mainte étape

    En s’échappant au pied d’un col

    Hélas (je sais, c’est du mélo)

    Un jour, lisant Milarepa

    Il chût à Châteauneuf du Pape

    Honteux il sombra dans l’alcool

    Il voulut se donner la mort

    Par noyade sous le maëlstrom

    Mais le tourbillon l’écartant

    Il laissa sans cérémonie

    Nouvel Empédocle son frein

    Au bord du cratère d’Etna

    • Sollicitude : 10 commandements

    comm 1 – Le poème est rimé.

    comm 2 – Il compte trois vers.

    comm 3 – La formule de rimes est : a a a.

    comm 4 – Les deux premiers vers sont des alexandrins.

    comm 5 – Le dernier vers est trisyllabique.

    comm 6 – Le dernier vers est une interrogation introduite par « Qu’a ».

    comm 7 – L’interrogation du poème porte sur une personne dont le nom n’est pas un nom connu.

    comm 8 – Il n’est question que d’une seule personne.

    comm 9 – Le dernier vers est homophone d’un substantif concret.

    comm 10 – Il n’y a pas de rapport sémantique évident entre les vers et le deuxième terme de l’homophonie

    Je viens de rencontrer, allant je ne sais où,

    Outchou, le professeur, qui courait comme un fou.

    Qu’a Outchou ? [Caoutchouc]

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