Raymond Queneau

           1903– 1976

 

             

   

Ouvrages

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Né au Havre en 1903, Queneau rencontre le surréalisme en 1924 ; il participe à toutes les activités du groupe avant de rompre en 1929 avec André Breton. Assidu aux cours d’Alexandre Kojève sur Hegel, il effectue des recherches sur les « fous littéraires », et son intérêt pour les mathématiques s’approfondit (il entrera en 1948 à la Société mathématique de France).

En 1960, il fonde l'OuLiPo avec François Le Lionnais.

  

 

Ouvrages à contraintes (sélection)

  • Cent mille milliards de poèmes (1960) :

Objet-livre permettant de combiner des vers de façon à composer des sonnets réguliers : deux quatrains suivis de deux tercets, soit quatorze vers.

Il y a donc 10 puissance 14 soit 100 000 000 000 000 poèmes potentiels. Queneau : « En comptant 45s pour lire un sonnet et 15s pour changer les volets à 8 heures par jour, 200 jours par an, on a pour plus d’un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails) »

 
  • Un conte à votre façon : où les choix du lecteur déterminent le déroulement du récit :

     

  • Exercices de style (1947) :

    variantes d'une même situation

    Notations

    Dans l'S, à une heure d'affluence. Un type dans  les vingt-six ans, chapeau mou avec cordon remplaçant le ruban, cou trop long comme si on lui avait tiré dessus. Les gens descendent. Le type en question s'irrite contre un voisin. Il lui reproche de le bousculer chaque fois qu'il passe quelqu'un. Ton pleurnichard qui se veut méchant. Comme il voit une place libre, il se précipite dessus.

    Deux heures plus tard, je le rencontre Cour de Rome, devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un camarade qui lui dit : « Tu devrais faire mettre un bouton supplémentaire à ton pardessus. » Il lui montre où (à l’échancrure) et pourquoi.

    Métaphores

      

    Au centre du jour, jeté dans le tas des sardines voyageuses d'un coléoptère à l’abdomen blanchâtre, un poulet au grand cou déplumé harangua soudain l'une, paisible, d'entre elles et son lan­gage se déploya dans les airs, humide d'une protestation.

    Puis, attiré par un vide, l'oisillon s'y précipita.

    Dans un morne désert urbain, je le revis le jour même se faisant moucher l'arrogance pour un quelconque bouton.

    Rêve

    Il me semblait que tout fut brumeux et nacre autour de moi, avec des présences multiples et indistinctes, parmi lesquelles cependant se dessinait assez nettement la seule figure d'un homme jeune dont le cou trop long semblait annoncer déjà par lui-même le caractère à la fois lâche et rouspéteur du personnage. Le ruban de son cha­peau était remplacé par une ficelle tressée. Il se disputait ensuite avec un individu que je ne voyais pas, puis, comme pris de peur, il se jetait dans l'ombre d'un couloir.

    Une autre partie du rêve me le montre marchant en plein soleil devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un compagnon qui lui dit : « Tu devrais faire ajouter un bouton à ton pardessus. »

    Là-dessus, je m'éveillai.

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