Premiers romans


 

Fiche analytique

Activités pédagogiques

 




La Bibliothécaire - analyse

La quête

Ce roman « fantastique » raconte la quête de jeunes adolescents, quête d’un objet magique, un « grimoire » qui aurait le pouvoir de permettre de devenir écrivain  (et donc de donner vie à ses fantasmes, et de devenir immortel par leur intermédiaire).

Cette quête est rapidement évoquée dans le roman par des allusions au sacré : la bibliothèque, par exemple, est un monument à colonnades (p. 47) surveillé par un gardien (le gardien du temple ?), un sanctuaire (p. 23), une cathédrale « aux hautes fenêtres », etc. Les dessins sur le sol rappellent quant à eux une marelle (p. 21 et 25) et les allées, un labyrinthe obscur (p. 21 et p. 25) qui aboutit à « une immense pièce, violemment éclairée » (p. 22) : le cheminement des personnages au milieu de cet univers de livres est clairement présenté comme initiatique.

(N. B. Dans l’Antiquité, la marelle est un labyrinthe où l’on pousse une pierre, c’est à dire l’âme, vers la sortie ; le jeu de marelle moderne, conduit quant à lui de la terre au ciel, de l'enfer au paradis en passant par la croix.)

Sur les labyrinthes :

- D'étranges chemins initiatiques

- Le centre caché du labyrinthe

 

 

 

Quête « fantastique » à travers les livres

Dans le roman, c’est le passage d’un personnage diégétique à un univers métadiégétique (par le biais de l’intertextualité) qui est à la source du fantastique. Ce procédé est appelé par Gérard Genette « métalepse » :

 

= « toute intrusion du narrateur ou du narrataire extradiégétique dans l’univers diégétique (ou de personnages diégétiques dans un univers métadiégétique) » (Figures III)

 

À noter que si le procédé de la métalepse n’a été défini que récemment par les chercheurs comme Genette, il est depuis longtemps utilisé dans le genre fantastique. (Lire par exemple l’article de Dorrit Cohn « Métalepse et mise en abyme »).

 

 

Dans La Bibliothécaire, la métalepse permet par ailleurs l’actualisation des métaphores de la lecture : rentrer dans un livre, parcourir un livre, se jeter dans un livre…

Les couloirs permettant de passer d'un livre à l'autre

  • Il est important de remarquer que les enfants rentrent dans le jardin d’Alice au Pays des merveilles comme Alice entre elle-même dans le jardin par une porte puisque les couvertures des livres, nous dit le narrateur, « sont des portes qui donnent […] sur de fabuleux univers. » De même, les quatre enfants passent de l’épisode du terrain de croquet à celui de la chaumière au sortir d’un bois, comme Alice. Puis ils « parcourent le livre dans le mauvais sens » pour remonter au chapitre 1, chaîne qui n'est pas sans rappeler la chute d’Alice dans le tunnel du lapin au début de l’histoire.)
 
  • C'est par une image, celle du cochon, et une association d'idées que s'effectue le passage d’Alice à Poil de Carotte : le bébé-cochon d'Alice que poursuivent les enfants répond à l'appellatif « Petit cochon » lancé par madame Lepic à Poil de Carotte et entre dans le livre, suivi par les quatre jeunes gens.
  • C'est un élément diégétique (les poux), mais aussi le parallèle entre deux destins d'écrivains (celui de Poil de Carotte et celui de Rimbaud), qui sert de « couloir » entre Poil de Carotte [ouvrage à caractère biographique] et « Les chercheuses de Poux » [poème reconnu par la plupart des critiques comme non-autobiographique, bien que pouvant faire allusion à un épisode de la vie de Rimbaud à 16 ans]. C'est Doudou qui cherche puis trouve le livre de Rimbaud pour le montrer à Poil de Carotte.
  • Les Misérables est le premier livre dans lequel les enfants entrent par hasard, comme un enfant prend au hasard un livre dans la bibliothèque de ses parents (c’est le seul des livres visités à ne pas appartenir d’une manière ou d’une autre à la littérature de jeunesse).

 

  • C’est Guillaume seul qui passe des Misérables au Petit Prince : cette fois, ce sont les émotions éprouvées lors de la lecture qui permettent le rapprochement entre les deux livres :

    « Aucun livre, jamais, ne lui a fait tant de peine. Aucun.

    Enfin, si.

    Un seul. Il s’en souvient maintenant. » (p. 146)

    Le lecteur réel découvrira l'identité du livre en question progressivement.

  • Guillaume sort du Petit Prince en tombant dans un puits. La chute dans le puits se confond avec celle d’Alice dans le long tunnel du terrier du lapin « Les parois du puits sont recouvertes d’étagères et garnies, de place en place, par des cartes géographiques. "C’est curieux, se dit Guillaume, je reconnais cet endroit. Il me semble être déjà venu ici, il n’y a pas très longtemps…" » (p. 157) (Noter la symbolique du puits dans les rêves).
     
     

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