L'OISEAU BLEU
(Madame d'Aulnoy)
Mise en contexte
L'Oiseau bleu, publié dans le premier volume des Contes des fées, est un des contes les plus connus de Madame d'Aulnoy. Cette dernière, lectrice assidue des lais de Marie de France, y revisite le Lai d'Yonec et le motif de l'amoureux métamorphosé en oiseau. L'intrigue est toutefois beaucoup plus complexe : l'auteure y superpose les motifs, puisant, avec une pointe d'humour, dans la littérature populaire comme dans la mythologie.
Quelques emprunts spécifiques aux mythes :
- Florine (dont le nom évoque la déesse Flore) est comparée à Diane ;
- Truitonne « peut rester Vesta sans que personne ne s'y oppose » ;
- Truitonne et sa mère sont comparées à des furies.
(N. B. Dans d'autres contes les emprunts aux mythes sont plus substantiels.)
Quelques motifs populaires à noter :
- les oeufs magiques : motif récurrent du conte populaire desquels sortent des objets ou animaux des plus inattendus et qui aident le héros / l'héroïne à surmonter les obstacles qui se présentent
- la belle emprisonnée
On s'attardera aussi sur les deux fées et sur l'enchanteur :
- la fée marraine, Soussio, mauvaise fée qui joue un rôle semblable à celui de la marâtre ;
- la bonne fée, sa soeur, qui viendra en aide à Florine en lui faisant don des oeufs magiques ;
- l'enchanteur, ami du prince Charmant, qui ne pourra toutefois défaire le maléfice de la fée Soussio.
Réflexions
1. Établissez une comparaison entre le conte de L’Oiseau bleu de Madame d’Aulnoy et le lai de Yonec de Marie de France (personnages et leurs origines, intrigues, motifs, ton…).
2. Le choix des noms des personnages de Madame d’Aulnoy est habituellement motivé. Expliquez la pertinence des noms suivants :
- Truitonne
- Soussio
- Charmant
3. Expliquez le passage suivant : « d'un Enchanteur à une fée, il n'y a que la main: ils se connaissaient depuis cinq ou six cents ans, et dans cet espace de temps ils avaient été mille fois bien et mal ensemble. »
4. Examinez le caractère des personnages masculins du conte. Que pouvez-vous en déduire ?
5. Comme Marie de France, Madame d’Aulnoy transforme le merveilleux pour l’adapter à la haute société qu’elle fréquente et pour laquelle elle écrit. Montrez-le en vous inspirant notamment du passage de la vallée de glace.
6. Donnez quelques exemples de l'humour de madame d'Aulnoy.
7. Commentez ce témoignage sur la classification des contes de Madame d’Aulnoy comme contes pour enfants :
« Dès le XVIIIe siècle, la littérature de colportage s'empare des contes de la baronne d'Aulnoy. Puis au XIXe, en compagnie de tous les autres auteurs de contes, elle est classée ‘écrivain pour enfants’. Ah oui ? Ces contes très longs, écrits dans un contexte littéraire et politique bien précis, destinés à des adultes lettrés, peuvent-ils effectivement être lus par des enfants ? Dans leur version intégrale, nous répondrons non. Certes, les éditeurs pour la jeunesse éditent encore aujourd'hui quelques-uns des contes de Madame d'Aulnoy. Ou ils optent pour l'album d'art, comme ceux de Frédéric Clément qui ne correspondent guère au public qu'ils visent. Ou bien ils choisissent en général deux, trois contes, qu'ils associent avec La Belle et la Bête de Madame Leprince de Beaumont. Le tout en texte intégral et édition de poche, à la calligraphie serrée, aux illustrations peu nombreuses. Les parents et les enseignants achètent le livre, c'est certain. Mais les enfants le lisent-ils ? La Belle et la Bête, sans doute. Mais Madame d'Aulnoy ? Hormis quelques très bonnes lectrices, vont-ils au bout de La Chatte blanche ou de L'Oiseau bleu ? Et pourquoi les éditeurs font-ils l'impasse systématique sur La Grenouille bienfaisante, La Bonne Petite Souris ou même Le Nain jaune, les meilleurs contes de Madame d'Aulnoy et tout à fait lisibles dans leur intégralité ? »
Catherine Sevestre, Le Roman des contes, préf. De Bruno de la Salle, Étampes, Cédis éditions, 1987, p. 262-263.
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