Madame D'Aulnoy
(1650/51-1705)
Madame D’Aulnoy, née Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, est un des personnages les plus fascinants du XVIIe siècle. Elle mène une vie agitée, pleine d’aventures et d’affaires suspectes. Vers l’âge de 15 ans, elle épouse François de la Motte, Baron d’Aulnoy, son aîné d’environ 30 ans, par mariage arrangé. Comme elle hait l’homme qu’elle a été obligée d’épouser, pour se débarrasser de lui, elle l’accuse de malversations, avec l’aide de deux gentilshommes. Quand le complot est découvert, ces derniers sont condamnés à mort et elle se réfugie en Angleterre puis en Espagne pour échapper à la justice. Afin d’obtenir le pardon du roi de France, Louis XIV, elle y fait service d’agent secret.
Avec la grâce du roi, la conteuse revient en France en 1685, s’installe à Paris et y ouvre un salon littéraire très populaire. À l’époque, Madame d’Aulnoy est plutôt considérée comme historienne pour ses romans galants ou historiques, comme Hyppolite, comte de Douglas (1690) – roman qui contient le conte enchâssé L’Île de la félicité. Très estimée de la haute société, Madame d’Aulnoy est admise à l’Académie des Ricovrati de Padoue où elle est surnommée l’Éloquente et porte le nom de Clio – la muse de l’histoire.
Entre 1696 et 1699, Madame d’Aulnoy publie plusieurs volumes de contes dans lesquels se trouvent L’Oiseau bleu, La Belle aux cheveux d’or, Finette Cendron, La Chatte blanche, Le Mouton, etc. Bien que la conteuse ne soit pas très connue du grand public, ses contes – mêlant traditions populaires et imagination – sont très bien accueillis dans un royaume qui cherche à s’échapper de la tristesse des dernières années du règne de Louis XIV. Avec Charles Perrault, son contemporain, et quelques autres, elle lance la mode des contes de fées. L’œuvre de Madame d’Aulnoy, qui se prête mieux à la culture des salons, connaît toutefois plus de succès dans les salons littéraires que fréquentent la haute société et les grands noms de la littérature.
Ces contes puisent dans les racines populaires, mais Madame d’Aulnoy a « brodé », fait des ajouts, transformé les contes populaires pour qu’ils correspondent davantage au goût de son temps. On retrouve dans ses récits les moqueries des Précieuses ridicules (1659) et des Femmes savantes (1672) de Molière. Mais les personnages féminins de la conteuse ont réussi à se faire une place dans la société. On constatera d’ailleurs à de nombreuses reprises un genre de subversion presque « féministe » du conte populaire.