Yonec
Marie de France
(Les Lais de Marie de France, traduits par Alexandre Micha, Paris, Flammarion, 1994)
Puisque j’ai commencé à écrire des lais, je continuerai mon ouvrage. Je vais raconter en vers les aventures dont j’ai eu connaissance. J’ai l’intention de vous parler d’abord d’Yonec, de son pays d’origine, de la première rencontre de son père avec sa mère. Celui qui engendra Yonec s’appelait Muldumarec.
En Bretagne demeurait jadis un homme puissant, d’âge respectable. Il était le seigneur de Caerwent et reconnu pour le maître du pays. La cité était sur la rivière Daoulas qui jadis comportait de bons gués. Très avancé en âge, ce seigneur avait un important héritage à léguer; il prit donc femme pour avoir des enfants qui après lui seraient ses héritiers. La jeune fille qu’on lui donna pour épouse était de noble lignage, sage, courtoise et d’une grande beauté. Pour sa beauté il l’aima passionnément et en raison de cette beauté et de son charme, il eut bien soin de la mettre sous surveillance, il l’enferma dans son donjon, dans une grande chambre dallée. Il avait une sœur âgée et veuve; il la plaça auprès de la dame pour la garder de près. Il y avait d’autres femmes, je crois, dans une autre chambre à part, mais la dame ne leur aurait pas adressé la parole sans la permission de la vieille.
Il la tint ainsi plus de sept ans (ils n’eurent pas d’enfants) et elle ne sortait jamais de ce donjon pour aller voir des parents ou des amis. Quand le mari allait se coucher, ni chambellan ni portier n’auraient osé entrer dans la chambre ou allumer une chandelle devant lui. La dame vivait dans une profonde tristesse, dans les larmes et les soupirs. Elle perdit de la sorte sa beauté, dont elle ne se souciait plus; elle n’avait qu’un désir: être enlevée par une mort rapide.
C’était au début du mois d’avril, quand les oiseaux font entendre leurs chants. Le mari se leva de bonne heure et s’apprêta à aller chasser en forêt. Il fit lever la vieille et fermer les portes derrière lui ; elle obéit à ses ordres. Le seigneur partit avec ses gens. La vieille emporta son psautier pour y lire et chanter ses psaumes. En larmes à son réveil, la dame vit la clarté du soleil et s’aperçut que la vieille avait quitté la chambre; elle ne cessait de pousser plaintes et soupirs et, en pleurs, elle se désespérait. « Hélas, disait-elle, c’est pour mon malheur que je suis née! Mon sort est bien cruel ! Je suis en prison dans ce donjon, je n’en sortirai que morte. De quoi a peur ce vieux jaloux qui me tient durement enfermée ? Il est complètement stupide et fou : il craint toujours d’être trompé. Il m’est interdit d’aller à l’église et d’entendre l’office divin. Si je pouvais parler aux gens et aller me distraire avec lui, je lui ferais bonne figure, même si je n’en avais pas envie. Maudits soient mes parents et tous ceux qui m’ont donnée à ce jaloux et qui me l’ont fait épouser. Quelle solide corde j’ai à tirer ! Ne mourra-t-il donc jamais? A son baptême on a dû le plonger dans le fleuve d’enfer! Il a les nerfs solides et solides les veines, pleines d’un sang vigoureux. J’ai souvent entendu raconter que jadis on rencontrait fréquemment en ce pays des aventures qui redonnaient courage aux malheureux ; les chevaliers trouvaient des jeunes filles à leur goût, aimables et belles, et les dames des amants beaux et courtois, preux et vaillants, sans en être blâmées, car elles étaient les seules à les voir. Si ce fut possible, si ce l’est encore et si quelqu’un a eu cette chance, que le Dieu tout puissant exauce mes désirs! »
Après s’être désolée ainsi, elle aperçut l’ombre d’un grand oiseau à une étroite fenêtre, elle ne savait ce que ce pouvait être. L’oiseau en volant entra dans la chambre; il avait des lanières aux pattes, il ressemblait à un autour de cinq ou six mues. Il se posa devant la dame. Au bout d’un moment, quand elle l’eut bien regardé, il se transforma en un beau et aimable chevalier. La dame en fut stupéfaite, tout son sang ne fit qu’un tour et bouillonna. Épouvantée, elle se couvrit la tête. Or le chevalier était d’une parfaite courtoisie, il lui adressa le premier la parole: « Dame, fit-il, n’ayez pas peur : l’autour est un noble oiseau. Si ce mystère vous semble obscur, soyez rassurée, faites de moi votre ami; c’est pour cela que je suis venu ici. Je vous aime et vous désire depuis longtemps, de tout mon cœur ; je n’ai jamais aimé et je n’aimerai jamais une autre femme que vous. Mais je n’aurais pu venir jusqu’à vous ni sortir de mon palais, si vous ne m’aviez pas appelé de vos vœux. Maintenant je puis bien être votre ami. »
La dame se rassura, découvrit sa tête et répondit au chevalier qu’elle ferait de lui son ami, s’il croyait en Dieu et si leur amour était ainsi possible, car il était d’une merveilleuse beauté. Jamais de sa vie elle n’a vu un si beau chevalier et n’en verra jamais de si beau.
« Dame, dit-il, vous parlez sagement, je ne voudrais pour rien au monde être l’objet d’une accusation, d’une méfiance ou d’un soupçon. Je crois de tout mon être au Créateur qui nous a délivrés de la détresse où nous avait plongés notre père Adam pour avoir mordu la pomme d’amertume. Il a été, il est et sera toujours vie et lumière pour les pécheurs. Si vous ne me croyez pas, mandez votre chapelain, dites-lui que vous êtes prise de maladie, que vous désirez recevoir le sacrement que Dieu a institué dans le monde et qui est le salut des pécheurs. Je prendrai votre aspect, je recevrai le corps de Dieu et je ferai un complet acte de foi. Vous n’aurez rien à craindre ». Elle approuve sa proposition et se couche à ses côtés dans le lit, mais il se garde de la toucher, de l’étreindre et de l’embrasser.
La vieille revient alors, trouve la dame réveillée, lui dit qu’il est temps de se lever et veut lui apporter ses vêtements. Mais la dame dit qu’elle est malade, demande à la vieille de faire vite venir le chapelain, car elle a grand peur de mourir. « Patientez ! lui répond la vieille. Mon seigneur est allé chasser en forêt; personne n’entrera ici que moi. »
En grand désarroi, la dame fait semblant de s’évanouir. À cette vue, la vieille s’inquiète, elle ouvre la porte de la chambre et appelle le prêtre.
Il arrive aussitôt, apportant le corps du Seigneur ; le chevalier le reçoit et boit le vin du calice. Le chapelain s’en retourne et la vieille ferme les portes ; la dame se couche près de son ami : on ne vit jamais un si beau couple.
Quand ils eurent bien ri, bien joué et longuement parlé, le chevalier prit congé et voulut rentrer dans son pays. Elle le pria tendrement de revenir souvent la voir. « Dame, fit-il, quand il vous plaira, je serai là sur l’heure, mais veillez à garder une juste mesure, afin que nous ne soyons pas surpris. Cette vieille nous trahira et nous espionnera nuit et jour, elle découvrira notre amour et ira tout raconter à son maître. Si tout arrive comme je vous dis et si nous sommes trahis, il n’est pas d’autre issue pour moi que la mort. » Le chevalier s’en va alors, laissant son amie toute joyeuse. Le lendemain, elle se lève fraîche et dispose, toute la semaine elle est de bonne humeur et prend grand soin de sa personne. Elle retrouve toute sa beauté, elle a plus de plaisir à rester dans sa chambre qu’à rechercher d’autres distractions. Elle a envie de voir souvent son ami et de jouir de sa présence. Dès que son mari s’éloigne, nuit et jour, tôt ou tard, elle l’a tout à elle pour son plaisir. Que Dieu lui accorde d’en jouir longtemps !
Le grand bonheur que lui apportent les fréquentes visites de son ami l’ont complètement changée. Mais son mari était malin: il s’aperçoit qu’il y a là quelque chose d’insolite. Il se méfie de sa sœur et un jour, au cours d’une conversation avec elle, lui avoue qu’il s’étonne beaucoup des toilettes que fait sa femme ; il lui demande ce que cela signifie. La vieille répond qu’elle n’en sait rien, que personne en tout cas ne peut parler à la dame, qu’elle n’a ni soupirant ni ami; elle reste seule plus volontiers que d’habitude, c’est tout ce qu’elle a remarqué. Le mari lui répond : « Ma foi, je le sais bien ! Voici ce qu’il vous faut faire à présent : demain matin, quand je serai levé et que vous aurez fermé les portes, faites semblant de sortir et laissez-la seule au lit. Cachez-vous dans un recoin, ouvrez bien les yeux et voyez ce qu’il en est et d’où vient cette grande joie qui ne la quitte pas. » Cette décision prise, ils se séparent. Hélas, quel malheur pour eux d’être ainsi espionnés, trahis et pris au piège.
Deux jours plus tard, ai-je entendu raconter, le mari fit semblant de partir en voyage; il déclara à sa femme que le roi l’avait convoqué par lettre, mais qu’il reviendrait sans tarder.
Il sortit de la chambre et ferma la porte. La vieille se leva et se dissimula derrière une tenture d’où elle pourrait entendre et voir ce qu’elle désirait savoir. La dame était couchée, mais elle ne dormait pas, car elle attendait avec impatience la venue de son ami. Il arriva sans retard, respectant l’heure et le délai. Ils se livrèrent tous deux, en paroles et en actions, à la joie, jusqu’au moment où le chevalier dut se lever et partir. La vieille, les yeux grands ouverts, vit comment il était venu et comment il s’en était allé; elle fut effrayée de le voir sous la forme d’un homme, puis d’un autour.
Au retour du mari qui ne s’était guère éloigné, elle lui raconta toute la vérité au sujet du chevalier. Inquiet au plus haut point, il se hâta de fabriquer des pièges pour tuer le chevalier et fit forger de grandes broches de fer aiguisées par le bout: il n’y avait pas au monde rasoirs plus tranchants. Quand elles furent prêtes, barbelées de toutes parts, il les plaça, bien serrées et bien fixées, sur la fenêtre par où passait le chevalier, quand il venait voir la dame. Dieu! Si ce malheureux avait su la trahison que préparait ce perfide!
Le lendemain, au matin, le mari se lève au point du jour et dit qu’il veut aller chasser.
La vieille l’accompagne, puis se recouche pour dormir, voyant qu’il ne fait pas encore grand jour. Éveillée, la dame attend celui qu’elle aime loyalement et se dit qu’à présent il peut bien venir et rester avec elle tout à loisir. À peine l’a-t-elle souhaité que le chevalier ne tarde guère, il vient en volant à la fenêtre, mais les broches en défendent l’approche, l’une d’elles lui traverse le corps, le sang vermeil en jaillit. Quand il se sait blessé à mort, il se dégage des fers et entre dans la chambre; devant la dame, il s’affaisse sur le lit en ensanglantant tous les draps. Elle voit le sang et la blessure, bouleversée jusqu’à l’angoisse. Il lui dit : « Ma douce amie, à cause de mon amour pour vous je perds la vie. Je vous avais bien dit ce qui arriverait: votre attitude nous mènerait à notre perte. »
À ces mots, elle tombe sans connaissance, elle est comme morte pendant un long moment. Il la réconforte tendrement et dit qu’il n’y a pas à se désoler : de lui elle est enceinte d’un enfant, elle aura un fils preux et vaillant qui sera sa consolation; elle le fera appeler Yonec, il les vengera, elle et lui, et tuera son ennemi.
Il ne put demeurer davantage, car sa plaie n’arrêtait pas de saigner; il partit dans de grandes souffrances. Elle le suivit en poussant de grands cris et s’évada par une fenêtre; ce fut miracle qu’elle ne se tuât pas, car il y avait bien vingt pieds de hauteur à l’endroit d’où elle sauta. Nue sous sa chemise, elle suivit la trace du sang qui s’échappait à grosses gouttes du corps du chevalier tout au long de son chemin. Elle ne quitta pas ce sentier jusqu’à ce qu’elle arrivât à une colline. Il y avait à cet endroit une porte toute arrosée de sang, elle ne pouvait rien voir au-delà. Pensant que son ami était entré par là, elle y pénétra tout aussitôt, en pleine obscurité. Elle poursuivit tout droit sa marche, tant qu’elle sortît enfin de la colline et parvint à une très belle prairie; elle trouva l’herbe mouillée de sang, ce qui la bouleversa. Elle suivit les traces à travers la prairie. Tout près était une cité entourée de murs de tous côtés; maisons, salles, tours, tout semblait d’argent; les bâtiments étaient d’une grande richesse. A proximité du bourg étaient les marais, les forêts et les terres protégées. De l’autre côté, vers le donjon, coulait une rivière qui encerclait le domaine. C’est là qu’abordaient les navires, ils étaient plus de trois cent trois. La porte du bas était ouverte; la dame entra dans la ville, suivant toujours la trace du sang frais, traversa le bourg jusqu’au château. Personne ne lui adressa la parole et elle ne rencontra ni homme ni femme. Elle parvint au palais dont le pavement était tout ensanglanté ; elle pénétra dans une belle chambre et y découvrit un chevalier endormi. Ne le connaissant pas, elle poursuivit son chemin. Dans une autre chambre, plus grande, elle ne trouva qu’un lit où dormait un chevalier. Passant outre, elle entra dans une troisième chambre où elle trouva le lit de son ami. Les montants étaient d’or pur, je suis incapable de mettre un prix aux draps. Les cierges et les chandeliers, allumés nuit et jour, valaient tout l’or d’une cité.
Sitôt qu’elle le vit, elle reconnut le chevalier. Elle s’avance, bouleversée, et tombe sans connaissance sur lui; celui qui l’aime passionnément la reçoit dans ses bras, ne cessant de déplorer son malheur. Quand elle revient à elle, il la console d’une voix douce : « Amie chère, allez-vous-en, fuyez d’ici. Je vais bientôt mourir, au milieu de la journée; il y aura un tel deuil que si on vous y trouve, vous subirez de mauvais traitements ; mes gens sauront qu’ils m’ont perdu à cause de votre amour, je suis plein de souci et d’angoisse pour vous. »
La dame lui dit : « Ami, j’aime mieux mourir avec vous que vivre malheureuse avec mon époux. Si je retourne chez lui, il me tuera! » Le chevalier la rassure, il lui donne un petit anneau et lui révèle que tant qu’elle le gardera, son mari ne se souviendra pas de tout ce qui s’est passé et ne la maltraitera pas. Il lui confie et lui remet son épée en la conjurant expressément de ne s’en dessaisir pour personne, mais de la garder pour son fils. Quand il aura grandi en âge et en forces et qu’il sera un chevalier preux et vaillant, elle l’emmènera avec son mari à une fête où elle assistera elle-même. Ils se rendront à une abbaye, ils verront une tombe et on leur rappellera le souvenir de sa mort et la façon dont il fut odieusement tué. Elle donnera alors l’épée à son fils, lui racontera les circonstances de sa naissance et qui fut son père. On verra bien alors ce qu’il fera.
Après lui avoir fait toutes ces recommandations, il lui donne un bliaut de prix, l’invite à s’en revêtir, puis lui demande de le laisser seul. Elle se retire, en emportant l’anneau et l’épée qui lui redonnent courage. À la sortie de la cité, elle n’a pas fait une demi-lieue quand elle entend les cloches sonner et le deuil s’élever au château pour le seigneur qui vient de mourir. Elle apprend ainsi sa mort. De la douleur qu’elle éprouve elle s’évanouit à quatre reprises. Reprenant ses sens, elle se dirige vers la colline, elle y pénètre, la traverse et revient dans son pays. Elle vécut de longs jours avec son mari qui lui épargna accusations, reproches et railleries.
Son fils naquit, il grandit parmi les soins et l’affection; on l’appela Yonec ; on ne pouvait trouver dans le royaume un chevalier aussi beau, aussi preux, aussi vaillant, aussi généreux, aussi porté aux largesses. Quand il fut venu en âge, on l’adouba chevalier. Cette même année écoutez ce qui arriva. À la fête de saint Aaron qu’on célèbre à Carlion et en plusieurs autres cités, le seigneur avait été invité avec ses amis selon la coutume du pays; il devait y amener sa femme et son fils et paraître en riche équipage. Ils se mirent ainsi en route, mais ils ne savaient pas vers quel destin ils allaient. Il y avait avec eux un jeune homme qui les mena tout droit jusqu’à un château: c’était le plus beau du monde; il avait dans ses murs une abbaye de très religieuses personnes. Le jeune homme qui les avait conduits à la fête les y logea. Ils furent bien traités et servis dans la chambre de l’abbé. Le lendemain ils allèrent entendre la messe, puis s’apprêtèrent au départ. L’abbé vint leur parler et les pria instamment de prolonger leur séjour: il leur montrera, dit-il, son dortoir, son chapitre, son réfectoire et le confort de son monastère. Le seigneur accepta.
Ce jour-là, après avoir dîné, ils allèrent visiter les ateliers de l’abbaye, puis entrèrent dans la salle du chapitre; ils y découvrirent un imposant tombeau, couvert d’une soie ornée de rosaces et coupée par le milieu d’une bande de précieux orfroi. À la tête, aux pieds, de chaque côté vingt cierges étaient allumés; les chandeliers étaient d’or fin et d’argent les encensoirs qui répandaient toute la journée de l’encens pour honorer cette tombe. Ils s’enquirent et demandèrent aux gens du pays ce qu’était ce tombeau et qui y reposait. Les gens se mirent à pleurer et à raconter, en larmes, que c’était le meilleur chevalier, le plus fort, le plus fier, le plus beau, le plus aimé qui fût jamais au monde. Il avait été roi de cette terre; il n’en fut jamais de si courtois. Il fut victime d’un piège à Caerwent et tué pour l’amour d’une femme. « Jamais depuis nous n’avons plus eu de seigneur, mais nous avons attendu des jours et des jours un fils qu’il eut de cette dame, selon ses dires. »
Quand la dame entend ces propos, d’une forte voix elle appelle son fils : « Cher fils, fait-elle, avez-vous entendu ? C’est Dieu qui nous a amenés ici! C’est votre père qui repose là et que ce vieillard a odieusement tué. Je vous remets et je vous confie son épée, je l’ai assez longtemps gardée. » Elle lui avoue devant tout le monde que le défunt était son père et qu’il est son fils, comment il venait la visiter et comment son mari l’a trahi; elle lui raconte toute l’aventure. Sur le tombeau elle s’écroule sans connaissance et dans cette défaillance elle rend l’âme sans prononcer une seule parole.
Quand son fils voit qu’elle est morte, il coupe la tête de son parâtre ; avec l’épée de son père il le venge, lui et sa mère. Après ces événements, quand on les apprit dans la cité, les habitants prirent, en lui rendant de grands honneurs, le corps de la dame et le déposèrent dans le tombeau près du corps de son ami. Que Dieu leur accorde son bon pardon! Ils firent d’Yonec leur seigneur, avant de quitter ces lieux.
Ceux qui ont entendu conter cette aventure en ont fait un lai longtemps après sur la peine et la douleur que ces deux êtres endurèrent pour s’être aimés.
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