Le Délire de Somerset
Hélène Vachon (1999)
Mon père dit toujours que les bibliothèques sont les Grandes Gardiennes des livres. Ce que je ne savais pas, c'est qu'elles les gardaient pour elles. Aujourd’hui, c’est mon anniversaire.
Je reçois un livre en cadeau : La malheureuse histoire de l’infortunée Princesse Isadora de Schleimacher. Chouette! Un nouveau livre! Je plonge tête première dedans et je le lis d'une traite. Mais il y a un problème: l'histoire ne s'arrête pas là. Il y a une suite. Tant mieux! Parce qu'à la fin du livre, la Princesse de Schleimacher est dans le pétrin jusqu'au cou. Perdue en plein bois, suspendue à un arbre au-dessus d'un précipice. Il n'y a pas une minute à perdre.
- Vite! je cris à mon père. La Princesse est en danger.
- Ah bon?
- Elle a eu peur des loups, tu comprends? Alors elle a grimpé à un arbre. Sa robe s'est prise dans les branches. Elle est coincée là-haut.
- Ciel!
- Vite! Un rien et elle dégringole.
- Tu as raison. On ne peut pas la laisser tomber.
- Qu'est-ce qu'on fait?
- C'est tout simple, Somerset. Il faut aller chercher le tome 2.
- Où?
- À la bibliothèque.
Je cours à la bibliothèque, mon livre sous le bras. Derrière le comptoir, il y a une femme, haute et large, avec de beaux cheveux gris bleu. Une Grande Gardienne, sans doute. Mais devant le comptoir, il y a cinq personnes qui attendent. Zut! Pauvre Isadora. Suspendue comme ça, au-dessus du vide. Les loups l'ont peut-être déjà dévorée. Quelle idée aussi d'aller se mettre dans un pétrin pareil! Pour tuer le temps, je relis La malheureuse histoire de l'infortunée Princesse Isadora de Schleimacher. Une deuxième, puis une troisième fois. Je comprends de moins en moins. Quelle imprudence, sapristi! Partir comme ça, en plein bois, sans carte, sans corde, sans canif, sans boussole, sans lampe de poche...
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