TOTO LA BRUTE
Dominique Demers (1992)
Mise en contexte
Le premier roman de la série Alexis,Valentine picotée, était, nous révèle Dominique Demers dans une entrevue, le produit d'un jeu de rôles avec ses enfants, dans lequel il s'agissait d'inventer une histoire. Alexis, son 2e fils, avait alors à peu près l'âge de notre héros du même nom.
Réflexions
• En quoi la narration à la première personne ainsi que les expressions et le ton choisis sont-ils ici pertinents ? (Notez par exemple l'entrée en matière - ou incipit)
• À priori, que le jeune héros, Alexis, soit un garçon, n'en fait pas pour autant un livre destiné uniquement aux enfants de sexe masculin. La série fait aussi le bonheur des jeunes lectrices : les rapports entre camarades d'école ou frères et soeurs, le besoin de se sentir aimé, la peur d'être rejeté ou abandonné, tous ces sentiments s'appliquent autant aux garçons qu'aux filles.
Mais que le personnage soit un garçon n'est peut-être pas motivé par la seule inspiration que l'auteure a trouvée dans son jeune fils. Dans son analyse des personnages de jeunes garçons des romans de la collection « Premiers romans » des Éditions de la Courte Échelle (1988-2000) Claire Le Brun idientifiait sept caractéristiques du « petit homme » :
1. le petit homme vit au sein d'une famille aimante (plus traditionnelle que reconstituée)
2. le petit homme est amoureux (mais sent qu'il doit cacher ce sentiment et la jalousie qui l'accompagne)
3. le petit homme rêve d'une amitié secrète et/ou d'une relation fusionnelle
4. le petit homme a une relation privilégiée avec un animal
5. le petit homme découvre les exigences de l'amitié
6. le petit homme réfléchit : « les aventures du petit homme sont surtout psychiques et familio-centriques. Le peu d'intérêt accordé à l'apprentissage dans un contexte sportif ou au contact de la nature est significatif. [...] Le sport représente souvent un handicap ou un souci pour le personnage ».
7. le petit homme grandit : il apprend à surmonter ses peurs : peur de la violence de ses pairs, peur de perdre l'amour de ses parents, peur du changement...
Claire Le Brun conclut :
« Introspectif, le petit homme de ces récits est saisi dans ses sentiments - souvent intenses, les larmes sont fréquentes - et ses réflexions, beaucoup plus que dans ses actions. [...]
Tout se passe comme si, dans les années 1990, le personnage du garçon était choisi, de préférence à la fille, pour illustrer les moments importants et les interrogations existentielles de l'enfance : l'amour, l'amitié, la solitude, le départ, la maladie, la mort, alors que le personnage de la fille restait destiné, comme dans les années 1980, à encourager la lectrice à s'affimer socialement. »
Claire le Brun, « Les "Petits Hommes" du roman québécois pour lecteurs débutants », Canadian Children's Literature, no 105-106, printemps-été 2002, p. 31-45.
• Comment les différents personnages sont-ils construits ?
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