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Princesse Mia

(Mélissa Dion-Robineault - 2013)

 


Il était une fois, une petite fille qui s’appelait Mia. Tous les jours, elle se réveillait et s’endormait dans une minuscule chambre blanche située en plein cœur d’un grand château blanc. Chaque matin, Mia s’installait à la fenêtre et regardait les gens du village déambuler dans les rues sinueuses. Dehors, le ciel était toujours gris et le temps était morne. Elle était prisonnière de sa chambre et la porte était fortement gardée par une grande bête noire, gluante et à l’aspect terrible. Elle enviait tout de même tous ces hommes et toutes ces femmes qui pouvaient vivre leur vie à leur guise et en toute liberté. Mia avait une sœur que ses deux parents adoraient plus que tout. Enfin, c’est ce qu’elle croyait puisque ces derniers ne venaient presque jamais la visiter et ne semblaient pas s’inquiéter du fait qu’elle devait vivre cloîtrée dans une si petite chambre, sans personne avec qui parler ou jouer. Chaque fois qu’ils la visitaient, ils ne lui disaient que quelques mots, la regardaient avec des yeux tristes, passaient une heure et repartaient aussi vite qu’ils étaient arrivés.

 

Pourtant, la petite Mia se souvenait du temps où elle habitait encore avec ses parents, où elle jouait avec sa grande sœur Jeanne et où elle parcourait, elle aussi, les rues tortueuses. La plupart du temps, elle passait ses grandes journées à jouer avec sa soeur dans le petit placard, sous l’escalier, à dessiner et à porter les belles robes qu’elles empruntaient dans le garde-robe de leur mère. Tous les dessins que faisait Mia la représentaient au milieu d’un grand château, portant la plus belle des robes, avec la plus brillante des couronnes, entourée de centaines de convives qui l’admiraient en souriant. 

 

Puis, une nuit, elle s’était réveillée en sursaut. Elle avait aperçu une fée, minuscule et laide, toute de noir vêtue, qui l’observait avec un sourire malin.

- Qui êtes-vous ? demanda Mia, effrayée.

- Je suis la fée Carabosse et j’arrive tout droit du monde des ténèbres pour te voir. J’ai quelque chose pour toi…

 

Sur ce, la fée avait saisi une toute petite pochette qui était attachée à sa taille, y avait plongé la main, puis avait soufflé une poudre noire et brillante qui avait aveuglé la petite fille, qui s’était alors endormie immédiatement.

 

Le lendemain, Mia s’était réveillée dans cette chambre toute blanche avec ce monstre visqueux et effrayant à la porte. Elle se sentait si faible qu’elle pouvait à peine bouger; comme si toute son énergie avait été absorbée par la bête noire postée à l’entrée de sa chambre. Elle avait été prise de panique sur le coup, avait tenté de fuir, mais non seulement elle était prisonnière au quinzième étage du grand château, mais d’un seul regard, la bête noire avait réussi à l’affaiblir à un tel point que la petite Mia avait eu du mal à regagner son lit.

La fillette dormit pendant ce qui lui sembla être des semaines, puis, une nuit, elle sentit quelqu’un lui effleurer la joue, puis entendit un chant mélodieux. Encore engourdie de sommeil, elle se frotta les yeux puis s’assit, tentant de voir qui se trouvait là.

- Ma petite Mia, je suis la fée des perles et comme tu es une bonne petite fille, je suis ici pour t’accorder un souhait. Dis-moi, qu’est-ce qui te ferait plaisir?, demanda la plus belle des fées, habillée d’une robe de perles multicolores.

- Oh, bonne fée, je m’ennuie tant de ma famille! Mon souhait le plus cher serait de retourner vivre avec eux et de retrouver ma vie d’avant… Est-ce possible?, souffla Mia, d’une voix tremblante.

- Ma pauvre fille, je ne peux malheureusement pas te laisser retourner chez toi, mais je crois que ceci te fera tout de même plaisir… En disant ces mots, la fée des perles saisit sa baguette magique, récita quelque formule incompréhensible et fit apparaître le plus beau des miroirs.

Mia, qui ne put cacher sa grande déception, dit tout de même :

- Je vous remercie ma fée, ce miroir est magnifique.

- Attends, ma petite, viens ici, penche-toi et regarde bien. Cette glace n’est pas que magnifique, elle est magique!

 

La fillette se leva de peine et de misère, puis se dirigea vers le bureau sur lequel le miroir était apparu. Dès qu’elle fut devant, ce dernier s’illumina, Mia y vit son reflet, qui disparut pour faire place à l’image de ses parents dormant dans leur lit. Ces derniers semblaient aussi tristes que lorsqu’ils venaient voir Mia, et ce, même dans leur sommeil. En les observant plus longuement, la fillette vit que sa mère portait un médaillon avec sa photo dans son cou. Cela réchauffa le cœur de Mia qui se mit à sangloter doucement.

- Ma mère m’aime donc toujours?, demanda la petite fille, attendrie.

- Bien sûr Mia, n’en doute jamais. Un jour, tu retourneras vivre avec eux et la joie reviendra au sein de ta famille, tu verras. Il faut croire, jolie Mia.

 

Sur ce, la fée des perles disparut dans une fumée bleue. Au même moment, le regard de Mia croisa le regard rouge de la bête noire postée à la fenêtre de la porte. Du coup, Mia tomba à genoux sur le plancher, eut toutes les misères du monde à retourner à son lit et se rendormit pendant ce qui lui sembla être des semaines.

 

Une autre nuit, un rire strident réveilla Mia en sursaut. Effrayée, elle s’assit dans son lit pour apercevoir la fée Carabosse assise sur sa table de chevet et qui riait à gorge déployée.

- Pas encore vous! Je vous en prie, Carabosse, partez! Laissez-moi tranquille!, supplia Mia dans un souffle.

- Il n’en est pas question! Et pire encore, puisque tu es si impolie avec moi, j’ai quelque chose pour toi! Ou plutôt, je viens t’enlever quelque chose que tu ne retrouveras plus jamais…

 

Sur ce, la méchante fée saisit la pochette qui était suspendue à sa taille, y plongea la main, puis souffla une fine poudre noire sur Mia qui perdit connaissance et dormit pendant ce qui lui sembla être des semaines.

 

À son réveil, la fillette s’étira, puis se souvint de la visite de Carabosse. Du coup, elle s’assit dans son lit et tâta son corps afin de voir si tout y était, puis, prise de panique, elle courut vers le miroir magique afin de voir s’il s’y trouvait toujours ; sa famille lui manquait à un point indescriptible tout d’un coup. Elle fut soulagée de voir que le miroir était toujours là, puis alors qu’elle allait faire le souhait de voir sa famille pendant quelques instants, elle se vit… Ses yeux étaient cernés malgré les nombreuses heures de sommeil, ce qui la surprit grandement, mais elle fut prise de tremblements lorsque son regard se porta sur son crâne dégarni. Il n’y avait plus un cheveu sur sa tête! Sa chevelure, si belle, si longue et si blonde avait disparu, comme par magie… Par magie? C’était donc ses cheveux que Carabosse était venue lui prendre! Dévastée, la pauvre Mia s’effondra sur le plancher de sa chambre blanche et sanglota pendant ce qui lui sembla être des semaines. Elle se souvenait des paroles de la cruelle Carabosse : elle n’aurait plus jamais de cheveux! À bout de force et sous le regard monstrueux de la bête noire qui gardait toujours la porte, la petite Mia s’endormit en repensant aux paroles de la fée des perles : « Il faut croire, jolie Mia ».

Le même jour, tous les arbres du village perdirent leurs feuilles.

 

Un matin, Mia se réveilla comme tous les matins, mais tout de suite, elle sentit que quelque chose avait changé en elle : la fatigue était moins grande. Du coup, elle réalisa que la bête, toujours à sa porte, était plus petite que la veille. Durant plusieurs semaines, chaque jour, la fillette se réveilla avec un peu plus d’énergie, alors que la bête noire rapetissait davantage. Puis, un beau jour, un miracle se produisit. La petite fille se réveilla, s’étira et passa une main sur sa tête… Elle sentit que ses cheveux recommençaient à pousser! Elle se leva de son lit et se rendit jusqu’à la fenêtre. C’est alors qu’elle réalisa qu’elle avait réussi à s’y rendre sans peine… Son énergie habituelle était complètement revenue! La jolie Mia fit quelques pas de danse et regarda dehors. Le soleil était magnifique et les arbres, dégarnis depuis si longtemps, avaient quelques feuilles bien vertes! Oh joie! C’est alors que Mia courut vers la porte, regarda par la fenêtre et constata que la bête avait disparu! Entendant des cris et des rires venant de l’autre coté de la porte, la jeune fille ouvrit la porte et vit ses parents et sa sœur qui couraient à sa rencontre. Tous se serrèrent fort et pleurèrent de joie. La famille était enfin réunie, toutes les peines étaient maintenant passées. Mia retourna chez elle et vécut heureuse et en santé pour ce qui lui sembla être des milliers d’années. Elle n’entendit plus jamais parler de la fée Carabosse ni de la fée des perles, mais Mia n’oublia jamais les paroles de cette dernière : « Il faut croire, jolie Mia ».

 

 

 

 
 

 

 






 

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