LA STRUCTURE DU CONTE DE FÉES
... à la lumière des propos de Bettelheim
(Psychanalyse des contes de fées)
« [L]a forme et la structure du conte de fées offrent [à l’enfant] des images qu’il peut incorporer à ses rêves éveillés et qui l’aident à mieux orienter sa vie. » (Bettelheim)
« Le conte de fées prend très au sérieux ces angoisses et ces dilemmes existentiels et les aborde directement : le besoin d’être aimé et la peur d’être considéré comme un bon à rien; l’amour de la vie et la peur de la mort. En outre, il présente des solutions que l’enfant peut saisir selon son niveau de compréhension. » (Bettelheim)
SITUATION INITIALE
Manque, absence et/ou séparation d’un ou de plusieurs membres de la famille
-
mort d’un parent (celle de la mère de Cendrillon, du père de Blanche-Neige, du meunier dans Le Chat botté…)
-
abandon par les parents ou par un tiers (Le Petit Poucet, Hänsel et Gretel, Blanche-Neige)
-
fuite d’une situation impossible (Peau-d’Âne)
-
parent vieillissant qui décide de passer le relais à ses enfants (Les Trois Plumes de Grimm)
= Ce qui correspond à ce qu'on appréhende ou à ce qui se passe dans la vie réelle.
Cette situation initiale s’accompagne souvent d’un appauvrissement et d’humiliations :
- humiliations de Cendrillon, de Peau-d’Âne (fille de ferme dont on se rit)
- appauvrissement du héros et humiliation dans Le Chat botté, le Petit Poucet…
= Manque de confiance en soi, peur d'être traité comme un moins que rien.
DÉPART
« Le héros de contes de fées ne peut se trouver qu’en explorant le monde extérieur »
= Ce départ, cette aventure répond à la « nécessité de devenir soi-même » (Bettelheim) ou peut correspondre à la « descente dans l’inconscient ». (Marie-Louise von Franz)
TENTATION, TRANSGRESSION ou ERREUR DE JUGEMENT
Elément qui fait basculer l'histoire dans le drame
- Blanche-Neige accepte les présents de sa visiteuse
- La femme de Barbe-Bleue ouvre la porte d’une chambre qui lui est interdite
- Le Petit Poucet frappe à la porte de l’ogre…
= Nécessité de reconnaître le bien du mal
FIN : VICTOIRE
Les épreuves sont surmontées, le méchant est puni et le héros, récompensé.
- Les enfants abandonnés retrouvent la maison familiale où ils rentrent chargés des richesses qui leur éviteront à jamais des mésaventures.
- Les héros trouvent le bonheur dans l’amour ou dans un changement de statut social.
- Les héros deviennent roi ou reine (héritent du trône ou épousent un prince ou une princesse).
= « Tel est exactement le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves attendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire. » (Bruno Bettelheim)
Exception : contes d’avertissement où le dénouement malheureux est une nécessité.
MOTEURS de l’action : peur de la mort et recherche de l’amour
On peut distinguer deux moteurs de l’action des héros : la peur de la mort et la recherche de l’amour.
L’amour n’est jamais atteint qu’après de multiples épreuves/obstacles à franchir :
- Différences sociales
- Obstacles d’ordre physique (laideur de Riquet à la houppe) ou géographique (réclusion…)
La mort
La vie du héros est mise en danger lors d’un face à face avec un être mauvais (ogre, géant, sorcière, dragon…) = bien vs mal
Cependant, il est rare que le conte de fées finisse sur la mort du personnage principal. Le Petit Chaperon rouge, dans la version de Perrault, est à cet égard une exception, car « la mort du héros [y] symbolise son échec […]. Elle exprime de façon symbolique qu’il n’est pas encore assez mûr pour triompher de l’épreuve qu’il a affrontée inconsidérément et prématurément.». C’est évidemment là l’expérience de la relation sexuelle, qu’aborde ouvertement la morale de la fin du conte. (Bettelheim)
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